Dominique Barberis
Dominique Barbéris est notamment l’autrice, aux Editions Gallimard, des Kangourous (adapté au cinéma en 2005), de Quelque chose à cacher (prix des Deux Magots 2008), de L’année de l’Éducation sentimentale (prix Jean-Freustié 2018) et, chez Arléa, d’Un dimanche à Ville-d’Avray (2019).
Entre la France et le Cameroun des années 50, l’histoire d’une femme discrète dont la vie est traversée d’un bref coup de folie, d’une romance secrète.
« Il est possible qu’il n’y ait rien eu d’autre. C’était peut-être lié à sa timidité à elle, à ce qu’elle avait de raide et d’un peu triste qui l’avait ému. Ou au rang de boutons ronds comme des perles, qui fermaient sa robe dans le dos et qu’il avait sentis en dansant contre la pulpe de ses doigts. Et, du côté de Madeleine, à la manière dont il avait dit « Ne vous en faites pas », à la douceur amusée avec laquelle il avait répété « des violettes », à celle, railleuse, dont il avait murmuré dans son cou : « Pas de chance ! » pour la faire rire. Ou peut-être parce qu’il était mince et nerveux avec une mèche brune qui lui retombait sur le front, une forme d’autorité, de brusquerie, un regard bleu sombre comme Peter Finch dans Au risque de se perdre. »
À partir d’une photo d’époque, la narratrice retrace l’histoire de sa tante, beauté discrète et mélancolique des années 1950. Née dans une famille modeste de maraîchers nantais, Madeleine a suivi son mari parti travailler au Cameroun. Elle se trouve transplantée dans un monde aux antipodes du sien, violent et magnifique. À Douala, lors d’un bal à la Délégation, elle s’éprend d’Yves Prigent, mi administrateur, mi aventurier. Chaque fois qu’il est de passage, ils déambulent ensemble le long du port, ou allée des Cocotiers. Mais la décolonisation est en marche et annonce la fin de partie : bientôt, le milieu des petits blancs de Douala devra plier bagage… Tendu entre la province d’après- guerre et une Afrique semi rêvée, Une façon d’aimer parle de la pesanteur des mariages de raison et de la grâce de certaines rencontres. Par petites touches d’une infinie délicatesse un souvenir, une mélodie de Guy Béart, des vers d’André Hardellet, c’est toute l’épaisseur d’une vie de femme qui se dévoile.